Nouvelle Ambition

De quelle manière la génération Y aborde-t-elle le monde du travail ?

Bonjour

On parle couramment du conflit des générations lorsque l’on évoque la vie privée des gens. Qu’en est-il sur le plan professionnel avec la génération Y ?

L’univers de l’entreprise évolue de plus en plus vite. Les objectifs, les valeurs, les besoins de chacun se transforment, souvent plus rapidement que ne le ressentent les managers, lesquels éprouvent de réelles difficultés face aux ambitions des nouvelles générations.

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Pourquoi parle-t-on de génération Y ?

Un petit rappel historique ne nous semble pas superflu. La génération dite « silencieuse » est venue bien avant la génération Y ; c’est celle des individus nés entre 1925 et 1944, qui ont vécu et travaillé sans jamais se plaindre.

Sont apparus ensuite les fameux « baby boomers », qui sont nés entre la fin du 2d conflit mondial et le début des années soixante. Ils n’ont pas connu les horreurs de la guerre et ont bénéficié de la forte croissance d’une société en totale reconstruction. La plupart sont aujourd’hui retraités, ou en passe de l’être.

 À partir de 1961 – ou 1966, cela varie selon les experts –, la génération X est arrivée, que l’on a d’abord appelée Génération « Baby Bust », soit le « Fiasco du bébé », puisque la natalité enregistrait une baisse importante. Devenus des adolescents durant les années 70, cette génération ne croit et ne respecte plus rien ; en conséquence, elle part à la recherche du « trésor de la vie », souvent politique, trésor que l’on désigne sur une carte par un « X » ! D’où sa dénomination…

 De manière avant tout rationnelle, la génération suivante, qui va de 1980 à 1995 environ, est appelée « génération Y ».

Génération « Why »

La génération X avait conscience d’appartenir ni à l’ancien ni au nouveau monde. Elle s’est révoltée contre les interdits sociaux et s’est engagée politiquement. En regard, la génération Y se positionne sur un mode plus interrogatif. Si le « Y » peut être considéré comme la suite logique du « X », il se prononce en anglais par « Why », ce qui signifie « pourquoi ».

Cette génération est avant tout celle du numérique et des « digital natives » ; elle n’a jamais connu le monde sans Internet, se questionne sur l’avenir de l’univers, des sociétés, de la politique, tout en restant en permanence hyper connectée.

Elle a également vu le milieu du travail se paupériser encore davantage et le chômage devenir phénomène de masse.

La génération Y et l’entreprise

En France, la génération Y regrouperait environ 20 % de la population globale. Généralement plus diplômée – mais pas nécessairement mieux formée – que les générations précédentes, elle travaille sous le management d’individus issus de la « génération X », pour la plupart rentrés sagement dans le rang après avoir vécu la libération des années 70 et 80.

Parce qu’elle est connectée, la génération Y aurait perdu la valeur du collectif. Le regard vissé sur son smartphone, elle roulerait avant tout pour elle. Avec l’omniprésence des écrans, le monde lui semble sans frontières et la réalité y apparaît extraordinairement brutale.

D’où le questionnement permanent et par conséquent, la recherche de sens dans le travail, bien avant le respect de l’autorité, que les « Y » ne reconnaissent la plupart du temps que lorsqu’elle est basée sur la compétence.

Caricature de la génération Y

On pourrait dire des « Y » qu’ils poussent la méthode scientifique à son extrême. En effet, ils remettent inlassablement tout et n’importe quoi en question et veulent comprendre le bien fondé de chacune de leurs actions.

En résumé, travailler, certes, mais dans quel but ?

Les « Y » désarçonnent les « X » par leur mode de fonctionnement : ils adorent le concept d’open-space, parce que celui-ci retranscrit parfaitement leur approche nomade de l’existence. Ils négligent les règles communautaires qu’ils jugent superflues ou parasites, tutoient rapidement tout un chacun, même leur patron ; par-dessus le marché, ils mélangent leurs vies personnelle et professionnelle en pianotant sur leur smartphone et vivent le casque ou leurs écouteurs en permanence branchés sur leurs oreilles.

Qu’avons-nous à apprendre des « Y » ?

Ils ont redécouvert le lien social et l’utilité de la sphère privée. S’ils semblent légers et insouciants à leurs aînés, pouvant démissionner du jour au lendemain parce que les valeurs de l’entreprise leur sont étrangères ou purement factices, ils ont d’abord la capacité à poursuivre leur objectif sans tourner autour du pot. La vie est trop courte pour qu’ils la négocient à l’aune de promesses d’évolution jamais tenues.

Ils savent que le marché de l’emploi est compliqué. Ils décrochent souvent leur premier CDI à près de 30 ans et n’ont aucune envie de faire carrière dans la même société. Lucidement, ils choisissent de créer leur propre business, au risque de galérer, plutôt que se soumettre à des diktats qui ne leur conviennent pas. L’entrepreneuriat est alors considéré comme un projet pour se réaliser à court terme, avant de repartir vers des objectifs encore plus motivants, en tant que salarié ou pas.

Car aux carrières prévisibles sitôt le diplôme acquis, la génération Y préfère mettre en pratique des savoir-faire et en développer de nouveaux. L’ennui est son premier ennemi.

Comment manager un « Y » ?

Même s’ils paraissent individualistes, ils ont besoin d’échanges et de moments de partage. La génération Y a un esprit collaboratif de « tribu », mais ce sont eux qui en choisissent les membres. La vie sociale est importante, là encore si elle répond à leurs valeurs et leurs engagements.

Leurs maîtres mots pourraient être « implication » – si celle-ci est effectivement reconnue instantanément – et stimulation – pour continuer en permanence à apprendre et à découvrir. Les « Y » savent que le monde est en crise et que la « génération Z » les pousse déjà sur le banc de touche. Ils n’ont donc pas de temps à perdre et ont besoin de gratitude immédiate.

En conséquence, leur management doit se faire sur un mode horizontal, par la mise en lumière de leur créativité et de leur connaissance des nouveaux outils technologiques, la définition de défis à relever, collectifs ou individuels, et la valorisation de leur sens des responsabilités et de leurs résultats.

Des « Z », on ne sait pas encore grand-chose… Je vous en parlerai… dans cinq ans !

Chaleureusement, Nora

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